Clara Schumann et Louise Farrenc
Compositrices romantiques

Clara Wieck-Schumann (1819 – 1896)
Clara Schumann, de son nom de naissance Clara Wieck et épouse du compositeur Robert Schumann, est l’une des rares musiciennes de l’ère romantique, considérée comme la pianiste la plus remarquable de son époque. Elle est la première interprète des œuvres de son mari et compositrice de plus de quarante œuvres. Elle influence également considérablement le répertoire du piano et les sensibilités musicales de sa génération.
Trio pour piano et cordes en sol mineur op. 17 (1846)
I. Allegro, II. Scherzo, III. Andante, IV. Allegretto
En 1843, trois ans après avoir épousé Robert Schumann, Clara trouvait qu’il n’était guère aisé de composer – ainsi que le concède son époux : « Clara a écrit plusieurs courtes pièces qui dénotent une musicalité et une tendresse d’inventions telles que jamais auparavant elle n’en avait témoigné. Mais les enfants et un mari qui vit toujours dans le royaume de l’imagination ne conviennent guère à la composition. Elle ne peut s’y consacrer régulièrement et je suis souvent affligé à l’idée que tant de tendres idées sont perdues parce qu’elle n’a pas le temps de s’y consacrer pleinement. » Alors qu’elle attendait son quatrième enfant et qu’elle avait dû renoncer à se produire en tournée durant l’hiver 1845, Clara se tourna vers la composition. Elle se joignit plus particulièrement à son mari dans une étude détaillée de Bach et de Cherubini. Son Trio avec piano en sol mineur est le fruit le plus remarquable né de son activité d’alors. Comme le manuscrit en témoigne, cette œuvre lui donna lors de sa conception un travail ardu. Dans sa forme finale, le Trio apparaît pourtant comme une page remarquablement bien équilibrée, orchestrée avec bonheur pour les instruments retenus.
Louise Farrenc (1804 – 1875)
Avec Clara Schumann, Louise Farrenc fait partie des grandes compositrices de la période romantique. Avec le soutien de son mari, Aristide Farrenc et d’autres grands musiciens de son temps, elle réussit une carrière de pédagogue et de compositrice. Ses œuvres furent jouées de son vivant, et remportèrent l’admiration du couple Clara-Robert Schumann.
Trio pour piano et cordes en ré mineur op. 34 (1844)
I. Andante.Allegro, II. Tema con variazioni. Andante simplice, III. Finale. Allegro
Le manuscrit du deuxième trio avec piano de Louise Farrenc est daté de novembre 1844 et sa composition intervient donc juste après sa nomination au Conservatoire de Paris. Sa première exécution semble avoir eu lieu peu de temps après : la Revue et Gazette musicale de Paris mentionne, le 2 février 1845, une soirée musicale organisée chez la compositrice au cours de laquelle l’œuvre est jouée en même temps que le premier trio : « deux chefs-d’œuvre d’élégance et de grâce ». Les deux ouvrages doivent cependant attendre plusieurs années avant d’être mis à la disposition du public. Le même journal, par la voix d’Adrien de La Fage, ne rend compte de leur récente publication qu’en novembre 1852 : « L’élégance des formes ne s’y dément jamais : on ne trouve ici ni extravagantes combinaisons de rhythme, ni harmonie hasardée, ni désordre dans la succession des idées ; tout se suit et s’enchaîne comme dans un discours bien écrit, mais dont peut-être parfois le style est un peu trop académique. » Dans la continuité de Reicha et en accord avec son esthétique de prédilection, Louise Farrenc ne flatte effectivement pas le goût français pour l’expression dramatique et engage plutôt une discussion avec le classicisme viennois et les productions de Beethoven. Le souci d’équilibre et de complémentarité des parties instrumentales se ressent tout au long de cette partition en trois mouvements (quand le premier trio en comptait quatre). Le savoir-faire de la compositrice trouve par ailleurs, dans le thème et variations du deuxième mouvement, un terrain parfait pour exprimer sa pleine étendue.