La viole de gambe s’appelle ainsi car elle est jouée tenue entre les jambes (sauf la contrebasse de viole jouée debout).
Elle diffère de la famille des violons par le nombre de cordes (6 au lieu de 4) et la présence de frettes, qui divisent la touche comme sur le luth ou la guitare
Ici les frettes sont faites de cordes entourant le manche. Sur d’autres instruments elles peuvent être faites de petites tiges en bois, en ivoire ou en métal, fixes ou mobiles, permettant au musicien d’ajuster son instrument
Dès la renaissance, la famille des violes de gambe couvre une large étendue de sons, des plus graves aux plus aigus :
– La plus grave est la contrebasse de viole (ré, sol, do, mi, la, ré) dont l’ambitus est proche de notre contrebasse actuelle.
– vient ensuite la grande basse de viole (sol, do, fa, la, ré sol)
– puis la basse de viole (ré, sol, do, mi, la, ré) proche du violoncelle
– la viole de gambe ténor (sol, do, fa, la, ré sol),
– la viole de gambe alto, peu utilisée
– et enfin le dessus de viole (ré, sol, do, mi, la, ré), proche de l’alto.
Si nous avons tous en mémoire l’envoutante ambiance du film culte « Tous les matins du monde » d’Alain Corneau, il faut pousser loin les lectures pour en apprendre un peu plus, comprendre ce qui a été romancé ou non, tant ce Monsieur de Sainte Colombe est mystérieux et secret.
Hormis quelques anecdotes savoureuses, on ne connait pratiquement rien de sa vie. Jusqu’à son prénom qui reste à ce jour incertain. Jean ? Augustin d’Autrecourt ? Sieur de Sainte Colombe ?
Ce que l’on sait, c’est que Jean de Sainte Colombe est originaire du sud-ouest de la France, qu’il est père de deux filles, Françoise et Brigitte, avec lesquelles il donnait des concerts à trois Violes dans sa maison. On lui connait un fils, lui aussi compositeur et violiste. Il aurait perdu son épouse assez tôt dans sa vie.
Il eut comme maître de musique et professeur un théorbiste-violiste appelé Nicolas Hotman. Tout ce que l’on sait de lui, ou presque, nous est raconté par les récits de ces élèves, parmi lesquels le plus célèbre, Marin Marais.
Monsieur de Sainte Colombe savait à l’évidence exploiter à la perfection la viole. Il l’améliorera d’ailleurs en lui ajoutant une septième corde.
Sa musique, intuitive, inventive, grave et savante, se défie de toutes règles : formes libres, harmonies sublimes et audacieuses, parfois improbables… Tout cela renforce le mystère qui entoure le musicien, qui est toujours occupé à transformer en sons la nostalgie, l’irrémédiable, et les désirs inassouvis.
Ses œuvres sont restées dans les mémoires. Une musique sombre, austère, qui s’expliquerait en partie par son appartenance à Port-Royal-des-champs, cette abbaye qui sera un haut lieu de la réforme catholique.
Appartenance aussi au Jansénisme, cette doctrine théologique à l’origine d’un mouvement religieux, puis politique et philosophique, en réaction à certaines révolutions de l’Église catholique et à l’absolutisme royal.