Camille Saint-Saëns
Sonate pour hautbois et piano en ré M op 166
« Mr Bas est venu essayer ma Sonate ; cela a marché comme sur des roulettes. Il a paru si content que je lui ai offert la dédicace du morceau (ou plutôt des 3 morceaux qui composent le tout). » C’est en effet à Louis Bas, « Premier Hautbois-Solo de la Société des concerts du Conservatoire et de l’Opéra », que Saint-Saëns a dédié sa Sonate pour hautbois et piano en ré majeur, opus 166, comme l’annoncent ces quelques mots adressés à son éditeur Durand le 21 juin 1921. Saint-Saëns venait alors de terminer une série de trois sonates pour instruments à vent composée, outre celle pour hautbois et piano, d’une sonate pour clarinette et piano (op. 167) et d’une autre pour basson et piano (op. 168). La série fut publiée chez Durand en novembre 1921, mais on ne conserve aucun compte-rendu de performance publique de ces œuvres du vivant de Saint-Saëns. L’ambition initiale du compositeur était en réalité de consacrer une œuvre à chaque instrument à vent : « En ce moment, je consacre mes dernières forces à procurer aux instruments peu favorisés sous ce rapport les moyens de se faire entendre » écrivait-il en avril 1921. Ce projet ambitieux ne put être mené à son terme, mais il suscita la création de ces opus 166-168 dont les qualités respectives en font des œuvres importantes (et pourtant peu documentées) du répertoire français pour les vents au XIXe siècle. La sonate pour hautbois révèle, dans chacun de ses trois mouvements – un Andantino à 3/4, un Allegretto à 9/8 et un finale Molto allegro à 2/4 – toutes les potentialités sonores et techniques du hautbois qui se fait tour à tour délicat, mystérieux et virtuose.
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Allegro appassionato, pour piano (op. 70 ; 1884)
La version originale de l’Allegro appassionato op. 70 se destinait au piano seul et a été composé pour le concours du Conservatoire de 1884 mais Saint-Saëns en a immédiatement proposé une version « avec accompagnement d’orchestre ». Malgré son titre, la musique est ici davantage virtuose que passionnée. Prenant la forme d’un rondo avec un thème-refrain en ut dièse mineur, un motif de trois notes qui n’est pas sans rappeler Liszt traverse la pièce comme une sorte de leitmotiv implacable.