La musique du cinéma muet
Du plus loin qu’il nous en souvienne, la musique a toujours été chez elle au cinéma. […] Du dehors, [elle] devait attirer les visiteurs et, à l’intérieur, ses airs devaient, ici, encourager la ronde des chevaux du carrousel, là, rompre le silence lugubre des figures de cire ou animer l’ennuyeuse projection des événements mondiaux magnifiés. Son tapage et son ivresse festive se sont engouffrés par la suite à l’intérieur des palaces cinématographiques. […] Pour l’essentiel, au cinéma, l’improvisation au piano des braves maîtres d’école du village après une dure journée de travail a été élevée au rang de forme d’art légitime.
Ernest Bloch
Le cinéma a mis du temps avant d’être considéré comme art à part entière. Au début du siècle, il n’était qu’une attraction parmi d’autres au sein de spectacles de music-hall, de salles de théâtre et aux fêtes foraines. De cette proximité avec les autres arts, ainsi que la nécessité de satisfaire l’oreille du public lors des représentations, est née cette relation particulière entre les musiciens et les cinéastes. Ces derniers étaient parfois pianistes ou violonistes, certains d’entre eux ne voulaient filmer que de l’opéra sans le son, quand d’autres n’hésitaient pas à installer un quatuor à cordes à l’arrière d’un camion pour accompagner la tragédienne qui ne jouait, paraît-il, que sur du Massennet.